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Les cartes postales anciennes sur le Vicdessos - Franck Vidal
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Nous avons à ce jour récupéré (soit en format papier et numérisé, soit directement en numérique) les cartes postales des collections de Jean-Paul Métailié, de Gilles Denjean, de Catherine Jacquart-Maissant et de Florence Guillot (soit plus de 500 fichiers). Un très grand merci à eux. Nous espérons pouvoir compléter le fonds avec d’autres collections dans le courant du printemps 2010, mais, d’ores et déjà, uniquement en cartes postales, nous avons pu récupérer 377 images différentes qui non seulement constituent un excellent fonds pour la comparaison avec des images actuelles, mais également nous fournissent de précieux renseignements sur les conditions d’édition photographique au début du XXè siècle dans le Vicdessos…
Près de 380 cartes postales sur la vallée du Vicdessos, dont la plupart ont été éditées entre 1890 et 1920, c’est assez révélateur de l’attrait de la vallée à la fin du XIXè et au début du XXè siècle !
Concrètement (et en l’absence de dates précises sur le fonds) on peut dater les cartes du Vicdessos, pour la grande majorité entre 1905 et 1920 (une trentaine de cartes datant a priori des années 1960/1970)
Angles de prises de vue : Le cas de Vicdessos
L’une (Labouche) est prise au ras du sol et semble plus témoigner du parcellaire agricole, la montagne n’étant ici qu’un arrière-plan. L’autre (CIM) prise depuis le versant sud intègre le village au sein du système montagneux. C’est le même village de Vicdessos, dans un cas on le croit en entrée de vallée, dans l’autre sur les flancs montagneux !
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Nous avons fait un rapide classement des cartes selon le thème ou l’objet afin de déterminer (en partie), à travers ce qui était photographié, les centres d’intérêts de l’époque.
Les cartes « urbaines » (c’est-à-dire montrant des rues, des places…) sont plus nombreuses sur Vicdessos (19) que sur Auzat (17). Siguer est également montré « intra-muros » (9 cartes). Par contre pas d’image des rues d’Olbier, de Lapège, d’Orus ou de Goulier.
En ne s’appuyant que sur la partie recto (photo) des images, nous avons pu identifier 287 annotations d’éditions nous renseignant sur 18 éditeurs différents.
Si certains éditeurs sont très connus, comme Labouche (qui représente plus de 40% des cartes de la collection) ou CIM (42 cartes), d’autres n’apparaissent qu’une fois (« GEM », « SAILOR », « Bardier »). Outre le fait qu’un même cliché peut être retrouvé chez différents éditeurs, il semble que des « échanges » soient intervenus entre photographes et éditeurs ou même entre éditeurs entre eux, portant une double annotation.
Il est également assez intéressant d’observer l’évolution des « logos », comme ici chez CIM : Ce qui est également passionnant, c’est l’origine géographique des éditeurs : Si Labouche (Toulouse), Blanc (Tarascon), Dauphin (Foix) ou encore Fauré (St Girons) s’intéressent tout « naturellement » à l’édition de cartes du Vicdessos, il est plus étonnant de trouver des images de la vallée chez CIM (à Mâcon), chez Bourg (à Nancy) ou chez Lapie (Val de Marne). La présence de cartes postales du Vicdessos chez ces éditeurs témoigne une fois encore de l’attractivité « touristique » de la vallée à la fin du XIXè et au début du XXè
Les doublons d’éditions
On trouve également le même cliché, chez le même éditeur (en l’occurrence ici Labouche) mais colorisé ou remis en page, probablement lors d’une réédition comme dans la vue de Vicdessos : C’est également le cas sur ces cartes de Siguer toutes deux de Labouche, mais avec une citation de Gustave de Lamourous dans un cas (c’est d’ailleurs la seule carte postale du fonds récupéré sur la vallée où est imprimée une citation): Autre possibilité, le recadrage simplement en réalisant un zoom sur une partie de l’image. Aisni, Labouche propose 2 vues de Sem, l’une légendée « Sem, près Vicdessos – Vue générale et la vallée », l’autre « Sem, près Vicdessos – Vue générale ». Or, la deuxième carte est purement et simplement un recadrage de la première.
Parfois les éditeurs (manquant cruellement d’imagination !) reprennent le même point de vue, mais vont jouer sur la mise en scène et sur les éléments insérés dans l’image. Ainsi, sur cette série, la vue sur Laramade est toujours la même (la position du photographe n’a pratiquement pas changée), mais, alors que chez C.Blanc (Editeur de Tarascon) la carte postale ne présente que le village (1), chez Labouche, 3 fois le même point de vue, mais dans un cas avec une calèche (2), dans un autre avec le train (3) et enfin avec la charrette de charbon de bois (4) (avec changement d’orthographe pour Vicdessos / Vic Dessos et pour Laramade / La Ramade!)
Nous retrouvons le même principe : même prise de vue, mais « acteurs » différents également sur la cascade de Capounta : un attelage, un échafaudage (peut-être témoignant de la construction ou de la rénovation du pont ?), un couple (avec une mise en couleur et un angle très légèrement différent induisant sans conteste un effet « romantique »)
La mise en scène, pour peu que l’on y prête attention, peut être très élaborée (on retrouvera ces mises en scène chez Eugène Trutat ou même bien plus tard chez Doisneau par exemple). Ainsi, cette carte magnifique de « La place de Sauzeil à Vicdessos » de chez Labouche nous livre de précieuses informations sur la vie quotidienne (et qui n’ont pas été photographiées par hasard !)
Quelquefois, la mise en scène est empreinte, voir « pompeuse » comme ici, en faisant poser le paysan et sa compagne, fiers, le regard lointain, tourné vers la montagne !
Enfin, on se demande parfois si la mise en scène n’est pas quelque peu « factice » ! Aller monter une barque à 1600 m d’altitude pour faire croire qu’on peut « canoter » sur l’étang Majeur de Bassiès, c’est sans doute un peu exagéré !
Cela dit, si, d’ici une centaine d’année quelqu’un s’intéresse au cliché suivant, peut-être sera-t-il, lui aussi en proie aux doutes sur l’utilité d’une telle mise en scène !!
« Mineurs du Rancié »
L’autre réflexion que l’on peut faire à la vue de cette carte concerne les conditions de vie et de travail de la vallée à l’époque (si l’on s’en tient à la légende, ce qui est très discutable) : Très tôt les enfants étaient mis au travail et dans des travaux aussi pénibles que la mine. Les quatre garçons au dernier rang semblent avoir autour de 15 ans. « Futur mineur » sous-entend qu’ils n’avaient d’autre avenir (pour les 9 petits garçons). Mais là où la légende est fausse, c’est que l’image présente 7 fillettes et que les filles n’allaient pas à la mine ! Nous avons retrouvé deux autres cartes postales représentant des « mineurs du Rancié », ici encore non pas « au travail », mais posant en famille :
« Ciment Hennebique »
Première remarque qui saute aux yeux, la faute de frappe évidente sur Vicdessos : le double S est devenu un N (ce n’est pas un changement orthographique comme on le voit dans certaines cartes où Vicdessos apparaît par exemple en deux mots, mais bien une erreur de frappe ou d’impression).
Plus intéressant encore, par rapport au contexte de l’époque est l’annotation entre parenthèse. Les auteurs spécifient bien que le pont est en ciment armé hennebique.
Au total, plus de 10% des cartes postales que nous avons récupéré sur le Vicdessos concernent l’industrie.
« Entreprise Thevenot »
Mais nous retrouvons l’Entreprise Thevenot sur une autre carte postale de chez Delpy légendée : « Toutous – Chantiers de fabrication des tuyaux ». Il faut s’attarder sur les dits tuyaux pour y voir littéralement taggé le nom de l’entreprise. Toutous ou les Toutous est un lieu-dit sur les hauteurs de Marc en amont d’Auzat sur l’Artigue. Au dessus de Toutous, un captage a été réalisé. On peut donc imaginer que les mules étaient utilisées pour les « navettes » Toutous / Auzat et les coffrages pourraient donc très bien être des moules pour les tuyaux en béton…
Certaines légendes (pourtant vraies) peuvent également apparaitre assez surprenantes au regard de leur illustration. En voici quelques exemples (parfois involontairement comiques ou totalement incompréhensibles !)
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